terça-feira, fevereiro 03, 2009

Steve McQueen sobre "Hunger"


Qu'est-ce qui vous a amené à tourner ce film sur la prison de Maze, l'Irlande du Nord en 1981 et la personnalité de Bobby Sands?

J'avais onze ans à l'époque, et l'idée d'un homme qui s'arrêtait de manger pour être entendu m'avait beaucoup frappé. Ce mélange d'une nourriture qui n'entre pas dans la bouche pour que le son qui en sorte soit plus fort, c'est troublant, c'est une situation orale qui me fascinait. Deux autres événements concomitants m'ont marqué: les émeutes de Brixton, et la victoire de mon équipe de football, Tottenhan Hotspurs, en finale de la coupe d'Angleterre. Tout cela réuni a representé un éveil pour l'adolescent que j'étais. C'est encore la même anée qu'eut lieu le mariage royal, avec tout le nationalisme qui l'accompagnait. Quant à la personnalitité de Bobby Sands, Jean-Luc Godard, dans une conversation avec la critique Pauline Kael, à New York, où ils ne parvenaient pas à s'entendre, avait déclaré que si Bobby Sands était quelqu'un d'important, c'est parce que'il avait une caractère enfantin. Kael avoua plus tard qu'elle n'avait pas compris ce qu'il voulait dire. Moi, cela m'a fait penser à l'enfant assis à table qui refuse de manger, à qui les parents disent en quittant la salle à manger qu'il n'ira pas se coucher avant d'avoir fini son plat. Cet enfant seul dans une pièce, résistant par l'unique moyen qu'il ait à sa disposition, représente pour moi une image forte, assez voisine de celle que j'avais de Bobby Sands.

La prison de Maze m'intéressait parece que l'extraordinaire y devenait ordinaire. Pendant quatre ans et demi, ces prisoniers étalaient leurs excréments sur les murs et pissaient dans leur cellule. C'était devenu la norme. C'était surréaliste, comme de la science-fiction, et je voulais observer cet environnement et comprendre comment des êtres humains pouvaient vivre dans ce monde inimaginable.

Steve McQueen em entrevista à Positif (Novembre 2008, n.º 573)